Les Adjoukrou
Ils sont nombreux, les groupes ethniques qui peuplent le territoire de la Côte d’Ivoire depuis des siècles. Des relations de voisinage existent entre eux et celles-ci donnent lieu à des plaisanteries et à des taquineries familières. Cela est valable dans tous les 4 coins du pays (Les alliances).
C’est ainsi que parmi les peuples lagunaires au sud de la Côte d’Ivoire, les TCHAMAN sont appelés » EBROU » par leurs voisins de l’ouest les ADJOUKROU ou ODJUKRU, autochtone de la région de dabou et faisant parti du groupe Akan lagunaire, originaire du Ghana.
L’appellation « EBROU » est devenue » Ebrié » par déformation linguistique sous la plume du colon français. A l’inverse, les Tchaman ou Ebrié désignent les Adjoukrou par l’expression » LABOU « , c’est a dire les oiseaux, ou » LABOUMAN » qui veut dire ceux qui parle beaucoup. Puis l’expression « Labou » a donnée le nom de « DABOU » par la déformation linguistique du colon français .
A ce jour Dabou fait parti des villes historiques du pays par le rôle important qu’elle a joué dans la colonisation française en Côte d’Ivoire. En 1853 , le fort Faidherbe fut construit par le capitaine Louis Faidherbe, un ingénieur français qui signa des traités d’amitié et de commerce avec le roi de la région de Dabou.
Sur le plan commercial le wharf de dabou , non loin du fort était très actif. Les produits de la région (caoutchoucs, palmier à huile, cacao …) et ceux de certaines villes environnantes transitaient par ce débarcadère. Ces produits étaient acheminés vers la côte et plus tard exportés vers l’europe .
Tous les 6 villages riverains de la lagune Ebrié à savoir Agnéby, Allaba, Armébé, Gbougbo, Kpass, N’gatty et les 6 campements notamment Akpodje, Essimegnen, Kpassi Afr, Ligbote, Okom ou Okobou et Wrod ont été créés par les ressortissants du village de Débrimou, chef lieu de la confédération de Kibrm. Ils sont tous dans le périmètre foncier de « Débrimou nanou » c’est à dire sur les bords de la lagune Ebrié, appartenant aux terres de Débrimou. Jusqu’à une époque récente, ils célébraient tous ensemble les fêtes de générations.
En 1896 Dabou est devenue un poste administratif puis successivement chef-lieu de subdivision en 1903, chef-lieu de sous préfecture en 1961 avant d’être chef-lieu de département depuis 1997.
Avec une population cosmopolite de 67 000 habitants, Dabou est pour le moment la seule ville du leboutou ou pays Adjoukrou
source : rezoivoire
Le peuple Ôdjukru
La race Adioukrou fait partie de ce complexe des peuples lagunaires, ainsi dénommés par les anthro- pologues, faute de renseignements plus complets. Ce groupe réunit un certain nombre de populations, Abigi, Ebrié, Alladian, Azi, Edéi, Abéi, Attié, Avikan, qui, ayant des caractéristiques semblables, n’en présentent pas moins des différences notoires. L’existence de traits anthropologiques communs entre ces différents peuples peut résulter du brassage des populations au cours de leurs migrations qui ont précédé leur fixation en Basse-Côte et aussi de la fréquence élevée des mariages entre groupes voisine. Bien que Westermann fasse état d’une ressemblance avec les groupes paléonigritiques de l’ouest du Bandama, Bété et Gagou, il semble plutôt qu’une certaine finesse des traits les rapprochent des populations du groupe Akan, habitant l’est de la Côte d’Ivoire. L’absence totale de données anthropométriques ne permet pas de vérifier ces impressions.
Culturellement, il semble qu’on soit en présence d’une société où coexistent-des institutions matrilinéaires, très voisines de celles des Ashanti, et une organisation aussi originale en Côte d’Ivoire que celle des classes d’âge. L’hypothèse la plus probable serait une superposition de traits culturels résultant des contacts avec les populations rencontrées au cours des migrations.
Les récits qui rapportent l’installation des Adioukrou dans la région qu’ils occupent actuellement sont légendaires.
Les traditions ne remontent pas avant leur passage dans le pays Dida, dans la région de Divo, située à 120 kilomètres au nord-ouest de Dabou. A la suite de querelles avec leurs voisins Dida, les sept villages fondés par les Adioukrou ont commencé une migration qui les a amenés au bord de la lagune Ebrié, à Cosrou, puis sur le lieu de leur première installation, appelé Tef, à proximité du Bouboury actuel. Cette migration aurait eu lieu vers le milieu ou la fin du XVIIIe siècle. Leur pénétration ne se fit pas sans combats avec leurs voisins Ebrié et Alladian. Essentiellement chasseurs à cette époque, les Adioukrou vivaient dans des campements qui sont à l’origine des villages actuels. Une querelle entre deux frères serait à l’origine de la séparation des Adioukrou en deux groupes dont les villages de Bouboury et de Débrimou jouent le rôle de capitales.
Les Adioukrou se sont rapidement rendu compte de l’intérêt de l’huile de palme, qui était une denrée d’échange dans le commerce qui se développait rapidement sur la côte d’Afrique, Les Alladian habitant sur le cordon lagunaire vendaient de l’huile de palme aux navires portugais faisant escale à Jacqueville ou Grand-Jack et leur achetaient du tabac, du rhum et de la pacotille (étoffes, vaisselles, etc.) qu’ils revendaient aux Adioukrou, contre l’huile et d’autres marchandises venant de l’intérieur du pays. Ce commerce est à la base de l’essor du pays Adioukrou.
Des quantités de plus en plus importantes de régimes furent cueillis et traités et le matériel dont disposaient les Adioukrou à l’origine devint insuffisant. Au pilon à piment trop petit fut substitué le pilon et le mortier à mil. La production d’huile augmenta d’autant plus que c’était, pour les Adioukrou, la seule marchandise dont ils disposaient pour acquérir par troc le poisson et les produits importés.
De par sa situation géographique privilégiée, Dabou devint un gros centre commercial. Débouchant à la mer par Jacqueville dont il est séparé par la lagune Ebrié, large de 6 kilomètres et le cordon lagunaire, Dabou recevait les caravanes de marchands venues du Nord et était un point de ralliement pour celles se dirigeant vers l’intérieur, avant de devenir une base de départ pour les colonnes européennes d’expédition.
Comme les Portugais et eux aussi attirés par les produits exotiques, vers le milieu du XIXe siècle, les navires anglais se mirent à faire escale en face des petites cités Alladian. Peu favorables au troc, ils lancèrent une sorte de monnaie, cercles de bronze non fermés, la « manille n, dont on trouve encore de nombreux exemplaires dans les cases Adioukrou. Pour faire face à l’augmentation de la demande d’huile, les Adioukrou cherchèrent à améliorer le rendement. Le mortier à mil fut abandonné à son tour et ils installèrent pour la cuisson des graines et leur pilonnage de grandes marmites en terre. Des ports secondaires se créèrent au bord de la lagune, tant du côté Adioukrou que du côté Alladian; l’huile de palme apportée dans des calebasses était transportée en pirogue sur la lagune, enfin par tonnelets roulés sur le sol pendant plus de 4 kilomètres à travers le cordon lagunaire jusqu’à Jacqueville; ce transport était long et pénible et les tonnelets se défon- çaient souvent pendant le parcours.
Les régions Adioukrou et Alladian connurent une réelle prospérité grâce à ce commerce toujours croissant. A Jacqueville et à Débrimou, on peut encore voir des maisons à l’européenne meublées au goût de l’époque qui furent construites par de riches marchands. Reconnu comme centre de commerce important, Jacqueville fut doté d’une poste et d’un bureau de douane. Des comptoirs s’ouvrirent dans toute la région. Une voie Decauville fut construite entre Jacqueville et le débarcadère pour le transport de l’huile et des produits. A la fin du XIX e siècle les courants commerciaux changèrent. Les besoins mondiaux en huile ne cessant de croître, les grandes firmes commerciales s’installèrent à Bassam et organisèrent de façon moderne le transport sur la lagune. Jacqueville déclina au profit des ports lagunaires: Cosrou, Toupah, Mopoyem, Bouboury et surtout de Dabou. De petits voiliers et bientôt des bateaux à moteurs assuraient le transport jusqu’à Bassam et amenaient différents produits. L’achat des amandes débuta vers 1900. Les noix étaient apportées depuis les villages par les femmes Adioukrou. Cela leur était d’autant plus pénible qu’elles ne retiraient du transport des noix que le prix des amandes, les noix étant concassées à Dabou par les commer- çants. Mais elles se mirent bientôt à n’apporter pour la vente que la seule marchandise vendable, à savoir les amandes, le concassage se faisant manuellement au village.
Jusqu’en 1950, le mode d’exploitation de la palmeraie et la commercialisation n’évoluèrent que relativement peu. Cependant, grâce au développement du réseau routier, les succursales des principales maisons de commerce et les commerçants de Dabou qui assuraient la traite furent bientôt en mesure de procéder, avec leurs camions, au ramassage des produits, ce qui entraîna le déclin des ports lagunaires tels que Toupah et Cosrou. Dabou devint ainsi le centre du commerce de l’huile et de palmistes.
Ainsi, ce n’est que petit à petit, à partir du XIXe siècle, c’est-à-dire depuis un peu plus d’une centaine d’années que se sont formées chez les Adioukrou toutes les traditions et règles coutumières concernant la palmeraie, les techniques de grimpage et de traitement, le régime foncier et l’organisation de l’exploitation. Ce bref exposé historique souligne donc la faculté d’adaptation de la société traditionnelle Adioukrou à des
conditions économiques nouvelles et amène à penser que cet ensemble de techniques et de coutumes, loin d’être figé dans le temps, évolue sous nos yeux, avec les hésitations et les tâtonnements inévitables. Cependant cette évolution a été modifiée depuis 1950 par un fait entièrement nouveau, à savoir l’installation à Dabou d’une huilerie moderne destinée à traiter industriellement les régimes de palme récoltés par les Adioukrou, Cette usine créée dans le cadre du premier plan quadriennal et capable de traiter 40.000 tonnes de régimes, c’est-à-dire la production présumée de l’ensemble de la palmeraie Adioukrou, devait être l’amorce d’un plan de mise en valeur de la région comportant la rénovation de la palmeraie naturelle, l’installation d’une savonnerie et éventuellement l’agrandissement de l’huilerie.
Le traitement des régimes par l’huilerie représente pour les Adioukrou une véritable révolution technique. Traditionnellement les régimes récoltés par les grimpeurs étaient portés dans des campements où ils étaient transformés en huile suivant un procédé artisanal nécessitant une importante main-d’œuvre. Actuellement ces régimes doivent être entassés à certains points des pistes de la palmeraie où les camions de l’huilerie viennent les collecter quotidiennement. Ce nouveau mode d’exploitation de la palmeraie entraîne des modifications dans la commercialisation du produit, dans l’organisation du travail des hommes et del’! femmes et dans la répartition des revenus de la palmeraie.
La collecte des régimes ayant été plus faible et plus irrégulière qu’il n’avait été prévu, l’huilerie a travaillé très en dessous de sa capacité de production et ses premières années ont été financièrement très difficiles. Diverses raisons ont été invoquées pour expliquer le déficit d’approvisionnement de l’huilerie parmi lesquelles les plus couramment citées sont : la désaffection du grimpeur Adioukrou pour la palmeraie, le vieillissement de la palmeraie. la concurrence des cultures riches – café et cacao. La deuxième partie de cette étude sera spécialement centrée sur ces problèmes.
Les différentes causes de l’insuffisance de la collecte seront étudiées et peut-être cette analyse permettra-t-elle de faire certaines suggestions sur la mise en valeur de la région.
Quelques données démographiques situeront la position actuelle de la société Adioukrou.
D’après les recensements administratifs, dont les plus anciens datent de 1947, la population Adioukrou compte environ 24.000 habitants. Sa densité est relativement élevée. Elle peut être évaluée à 20 habitants au kilomètre carré. La population est répartie en 35 villages :
Depuis 1998 la croissance démographique s’est faite remarquable.
2.1.1 Secteur communal
2.1.2 Secteur non communal
Selon l’histoire, les Adjoukrou sont arrivés entre le dix-septième et le dix-huitième siècle à Armébé en provenance du pays Dida. C’est au cours de cet exode que Akmétché Lock, soeur du chef de la communauté, offrit en sacrifice son fils quand il fallut traverser le fleuve `’Go » situé entre Grand-Lahou et Fresco. D’oû la justification du système matrilinéaire en pays Adjoukrou.
En effet, le chef Akmétché Yro, en reconnaissance de l’acte de sa soeur décida que ses héritiers seraient les enfants de celle-ci, ses neveux.
Dès leur arrivée, les Adjoukrou se sont installés à Cosrou. Cependant, au cours d’une bataille qui opposa les Adjoukrou à leur voisin, le chef Akmétché Yro a été tué. Pour le venger, sa soeur Akmétché Lock s’allie aux autres villages pour combattre l’ennemi. Après la victoire, elle offre un boeuf à ses alliées. Du boeuf offert, les aînés d’Armébé ont exigé d’avoir certaines parties de l’animal notamment la hanche et la mandibule. Toutes choses qui vont fonder l’origine de la fête de l’ebeb qui signifie la prise du pouvoir. Ce pouvoir est géré pendant une période de huit ans non renouvelable par un ensemble de personnes liées par l’appartenance à une même classe d’âge. La première fête de l’ebeb aurait eu lieu au dix-neuvième siècle précisément en 1834. Dès son institution par le village de Armébé, les autres villages Adjoukrou voyant sa portée, vont l’emprunter et le fonder comme moyen de légitimation du pouvoir exécutif.
En pays Adjoukrou, la célébration de la fête de génération ou `’low » permet à l’individu d’être accepté comme membre de la société. Elle confère une identité sociale à l’individu et atteste de la maturité du jeune homme passé de l’enfance à l’âge adulte. C’est le fondement de la vie sociale.
Dès cette initiation, le membre peut prendre part aux rencontres et posséder au moins une portion de terre pour ses activités culturales.
Leurs Noms de A-Z
A
- Abba
- Abbra
- Abedi
- Abi
- Aboh
- Abou
- Aboudé
- Adaga
- Adangba
- Adango
- Adey
- Adigbo
- Adiman
- Adingra
- Adiow
- Adiow li
- Adja
- Adjé
- Adjé li
- Adjebe
- Adjessi
- Adjessi li
- Adou
- Adou li
- Affi
- Affi li
- Affoué
- Agba
- Agbo
- Agbodo
- Agbrè
- Agbrè li
- Agbrou
- Agnéro
- Agnro li
- Agness (Angness)
- Agness li
- Agnimel
- Agnimel li
- Aka
- Akadjé
- Akamel
- Akê
- Akely
- Akessé
- Aki
- Akissi
- Akm
- Akmni
- Akmel
- Akmel li
- Ako
- Akpa
- Akpa li
- Akpahane
- Akpeï
- Akpeïly
- Akpess
- Akproh / Akpro
- Akprôli
- Akrê
- Akressô
- Amari
- Amari li
- Amian
- Amn (Aman)
- Amou
- Anangne
- Angah
- Angaman
- Angbandji
- Angneï (Angney)
- Angnime (Agnime)
- Agnime ni
- Angnouwol
- Angoh
- Anké
- Anne
- Ano
- Apkatcha
- Assipô
- Assra
- Atchôry
- Atikong
- Atiman
- Athme
- Attri
- Ayebl
- Ayou
B
- Badibo
- Banquet
- Bedi
- djedjrôli
- Bêkê
- bêkêli
- Bêkn (Bekenn)
- Bian
- Biekou
- Bilane : tu es cher
- Bodo
- Boni
- Bosso
- Boti
- Bouaye
- Boude
- Boy
- Brekou
- Bribio
- Brim
- Brogoss
- Broh
D
- Dadé
- Dabéli
- Dadebl
- Dagri
- Dakou
- Danhng
- De (Deh)
- Dedé
- Dedéli
- Dekou
- Dekouli
- Dibi (Diby)
- Digba
- Diman
- Djadja
- Djadje
- Djam
- Djaman
- Djambi
- Djande
- Djedjagne
- Djedjane
- Djedje
- Djedje li
- Djèdjeï
- Djedjess
- Djedjmel
- Djedjrô (Djedjero)
- Djedjrô li
- Djedjyou (Djedjiou)
- Djesse
- Djewri
- Djidja
- Djipro
- Djobo
- Djôbô (Djobo)
- Djôdjô
- Djondjo
- Djow
- Dogbo
- Dôkou
- Donou
- Doudou
- Doukou
E
- Edjro
- Egue
- Ehikpa
- Eidjem (Eidjm, Edjeme)
- Ekoudou
- Eribn
- Esm (Esme)
- Esmel
- Esmel li
- Esmelagne
- Essane
- Essane ni
- Essi (Essie)
- Essili
- Essiagne
- Essiou
- Essis
- Essoh
- Essoh li
- Essourou
- Esyeble
- Etekou
F
- Faman
- Fandi
- Flètchè
- Frassou
G
- Ganga
- Gbedj
- Gbégré (Gbeugré, Beugré)
- Gbogbou
- Gbôkou
- Gbrou (Brou)
- Gnagne (Niagne)
- Gnagne ni
- Gnamba (Yamba)
- Gnapi (Yampi)
- Gori (Goris)
- Grah
H
- Hemliss (Emlys, Emliss) : Ma Mère
- Hemmess
- Hermess
- Hermessey
- Honne
I
- Idjègne
- Ilanne
K
- Kakre
- Kakri
- Kandeh
- Kanga
- Kêkê
- Kêkê li
- Kessou
- Koby
- Kock
- Kockli
- Koffi
- Koffi li
- Kôkô
- Kokoro
- Kokr
- Kômess
- Kouck
- Koussoum
- Kpakei
- Kpamnan
- Kpamnan ni
- Kramoh
- Kyriel /Kyrielle
L
M
N
O
S
T
W
Y
Autres appellations
- Adiokrou
- Adioukrous
- Adiukru
- Adiukrus
- Adjoukrou
- Adjukru
- Adyoukrou
- Adyukru
- Adyukuru
- Ajukru
- Boubouri
- Odjoukrou
- Odjoukrous
- Odjukru
- Odzukru
Une réflexion sur « Adioukrou (Une histoire) »