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EBEB (cas de Kibrm)

Perçue comme la matrice d’un système organisationnel de référence, caractérisée par sa cohérence intrinsèque et marquée par sa valeur essentielle démocratique, l’institution Eb-Eb est conçue par les anciens de Debrimou à partir de l’initiative d’approbation du cadre de vie des anciens d’armebe.

Cette matrice organise et régule la vie des odjoukrou de 20 ans à 110 ans.
Elle mobilise l’ensemble de toutes les classes d’âge, détermine et renouvelle les responsabilités ou statuts, les compétences ou mandats de chacune d’entre elles et met en mission les sept (7) classes d’âge vaillantes pour huit ans.

Quant aux classes d’âge non vaillantes, atteintes par la limite d’âge opérationnel, tout en subissant elles-aussi le glissement catégoriel à l’occasion de Eb-Eb, elles disposent d’un statut de 4ème âge et sont au niveau de leur bien-être à la charge de leur famille respective et de la communauté.

De toutes les classes d’âge vaillantes ou non, parties prenantes au rituel de Eb-Eb, seule dont les membres ont un âge compris entre 60 et 69 ans assure le leadership de Eb-Eb. Leurs membres sont appelés des Ebebou.

Le peuple ojukru est une société et structurellement et organiquement constituée par sept (7) classes d’âge. Ce sont :

            Obodjlu (Egbru)
            Sete (Kabri)
            N’Djurman (Liguigl)
            Abrman (Agbassaka)
            M’Bedie (N’Djufu)
            M’Borman (Bonê)
            Nigbessi (Gbassuku)

Chaque classe d’âge comprend à l’origine quatre (4) sous classes d’âge, disposant entre elles d’un écart de deux (2) ans ; pour mémoire retenons que 4 (sous-classes d’âge) X 2 (ans d’écart d’âge) font bien 8. 

Les 4 sous-classes d’âge sont :

            1.   ODJONGBA (sénior)
            2.   BAGO (junior)
            3.   KATA (benjamin)
            4.   BOMAN (minime)

À l’occasion de Eb-Eb, la communauté des 7 classes d’âge se réunit en séance publique. Elle détermine et redistribue entre différentes classes d’âge les attributions de la gouvernance générale locale. Chaque classe d’âge est investie d’une mission de gouvernance et d’une responsabilité précise qu’elle a vocation à assumer pendant huit ans. Ces missions de gouvernance et les responsabilités se renouvèlent mutatis mutandis par glissement catégoriel. 

La méconnaissance des modalités de renouvellement des missions de gouvernance, plus qu’un handicap, est un sérieux facteur de décadence pour la jeunesse ojukru. « Mon peuple périt, faute de connaissances », dit-on. 

Les Adioukrou et la démocratie : Leçon d’une vie

Aussi, les missions de gouvernance locale mises en œuvre à l’occasion de èb-éb sont-elles des obligations pour tout ojukru, soucieux de sauvegarder son âme et son identité socio-culturelle. 

On distingue sept (7) principales missions de gouvernance. Ce sont :

1.  DugrU, (noviciat).
2.  LOWSIN, (cadre de promotion du savoir,              savoir-être et savoir-faire par la culture).
3.  MAB-EB, (cadre opérationnel de travail, de          sécurisation des personnes, des services et des biens).
4.  LOGUN-SAW, (instance sabbatique                 institutionnelle de formation, stage et renforcement            des capacités).
5.  MIRIDI-EKN’, (cadre de réflexions et                d’études, de délibérations et de propositions,              d’élaboration de projets et de règlementation, de           gestion et de suivi-évaluation).
6.  EB-EB, (instance suprême du pouvoir de              décision, de représentation légitime de la communauté           et de garantie des traditions, us et coutumes).
7.  LEL, (instance de contrôle, de conformité et            de validation des décisions).

Mais le glissement catégoriel ne se limite pas à la septième mission de gouvernance représentée par LEL. Quatre autres statuts prennent simultanément le relais. 

Ce sont :

1.  LAKP-IKN’, (le bois de clôture, symbole des             repères et références).
2.  NINNISSI, (la molaire, symbole d’inaptitude             opérationnelle et d’un régime alimentaire adapté à l’âge).
3.  MILAKN’, (la cendre, symbole de la              dégénérescence, la fragilité, et du statut résiduaire).
4.  LIRN’ (le dépotoir d’ordures, symbole de la             ruine, l’inutilité et le néant de l’homme).

Sur le théâtre du rituel, èb-éb procède à une passation de charges entre classes d’âge ainées et classes d’âge cadettes. Les classes d’âge ayant assumé leurs missions de 2011 à 2019 passent le relais aux classes d’âge suivantes et accèdent à leur tour à de nouvelles charges pour le mandat de 2019 à 2027.

lire aussi Adioukrou (Une Histoire)

DU PROCESSUS DE RENOUVELLEMENT

Ainsi les anciens SÊTÊ (109-117 ans), ayant assumé le statut terminal de lirng de 2011 à 2019, s’ils sont encore en vie, passent le relais de lirng aux anciens N’DJURMAN pour 2019-2027. 

Les anciens N’DJURMAN (101-108 ans) en accédant au statut terminal de lirng pour 2019 – 2027, s’ils sont encore en vie, passent le relais du statut de milakn’ qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux ABRMAN. Les ABRMAN deviennent ainsi milakn’ de 2019 à 2027.

Les anciens ABRMAN (93-100 ans) en accédant au statut de milakn’ pour 2019 – 2027, s’ils sont encore en vie, passent le relais du statut de ninnissi qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux M’BEDIE. Les M’BEDIE deviennent ainsi ninnissi de 2019 à 2027.

Les anciens M’BEDIE (85-92 ans) en accédant au statut de ninnissi pour 2019 – 2027 passent le relais du statut de lakp-ikn’ qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux M’BORMAN. Les M’BORMAN deviennent ainsi lakp-ikn’ de 2019 à 2027.

Les anciens M’BORMAN (77-84 ans) en accédant au statut de lakp-ikn’ pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de lèl qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux NIGBESSI. Les NIGBESSI deviennent ainsi lèl-essèl de 2019 à 2027.

Les NIGBESSI (69-76 ans) en devenant lèl-essèl pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de èb-éb qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux OBODJLU. Les OBODJLU deviennent ainsi èbébou de 2019 à 2027.

Les OBODJLOU (61-68 ans) en devenant èbébou pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de miridi-ékn’ qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux SÊTÊ. Les SÊTÊ deviennent ainsi miridi-ékn’ de 2019 à 2027.

Les jeunes SÊTÊ (53-66ans) en devenant miridi-ékn’ pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de logun’-saw qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux jeunes N’DJURMAN. Les jeunes N’DJURMAN deviennent ainsi logun’-saw de 2019 à 2027.

Les jeunes N’DJURMAN (45-59ans) en étant logun’-saw pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de mab-éb qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux jeunes ABRMAN. Les jeunes ABRMAN deviennent ainsi mab-essèl de 2019 à 2027.

Les jeunes ABRMAN (37-50ans) en devenant mab-essèl pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de lowsin qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux jeunes M’BEDIE. Les jeunes M’BEDIE deviennent ainsi lowsin-essèl de 2019 à 2027.
Les jeunes M’BEDIE (29-42ans) en devenant lowsin-essèl pour 2019 – 2027 passent le relais des charges de dougbru qu’ils ont assumé de 2011 à 2019 aux jeunes M’BORMAN. Les jeunes M’BORMAN (21-34ans) deviennent ainsi dougbru de 2019 à 2027.

CURRICULUM VITAE DES ODJUKRU

1er âge
• 1-4 ans : étu-éy
• 5-8 ans : owru-éye
• 9-15 ans : owru
2ème âge
• 16-18 ans : owru-éssu
• 18-20 ans : yay-ébl-èssèl
• 20- à 26 ans : low-èssèl,
• 21 à 34 ans : dugbru
• 29 à 42 ans : low-sin-èssèl,
• 37 à 50 ans : mab-èssèl,
• 45 à 58 ans : logun’-saw-èssèl,
• 53 à 66 ans : miridi-ékn’, adjrofi
3ème âge
• 61 à 74 ans : èb-éb-u,
• 69 à 82 ans : lèl-èssèl,
• 77 à 90 ans : lakp-ikn’
4ème âge
• 85 à 98 ans : ninnissi
• 93 à 106 ans : milakn’
• 101 à 114 ans : lirn’

RITUEL DE EB-EB

Le rituel de èb-éb s’articule autour de trois grandes parties :

Première partie : le sacre et la consécration des èbébou, marqués par les rites de la purification et de la toilette blanche : « fêfr-itm » et « midj-ufu ».

Deuxième partie : Le défilé « épiphanique » ou parade ostentatoire et la toilette royale des èbébou, appelés « yro-ubr », « midj-ébl ».

Troisième partie : L’intronisation et l’investiture des èbébou, ainsi que la passation de charges et l’allégeance des différentes classes d’âge aux ébébou couronnant èb-éb.

Tèl est donc succinctement présenté l’économie du rituel de Ebeb et de ses prérogatives en vigueur à KIBRM / Debrimou.La

La plaquette informative du système organisationnel du peuple Ojukru (Adioukrou)

Lire aussi Adioukrou (Mode de vie)

Cette plaquette officielle expliquant le système organisationnel du pays Ojukru sera distribuée gratuitement sur les lieux de la cérémonie. pour obtenir la version numérique veuillez adresser un mail aux administrateurs de ce site.

L’Affiche 12 mètres carré

Egue Vincent , Alias «Mario Percu» Le percussionniste merveilleux

Vos restaurants préférés (Adioukrou)

Jubilé d’Argent de la Mère Adou Pascaline.

Une Religieuse promeut le Lebutu

Jubilé d’Argent de la Mère Adou Pascaline.

« Vêtu d’humilité vous trônerez partout où vous irez et vous serez même prophète chez vous » Cette citation de Owana Key, notre conseiller en communication événementielle, reflète parfaitement la cérémonie du jubilé d’argent, de la Religieuse Mère Adou Pascaline, fille du Lebutu, Adioukrou, de la génération Ndjurman Odjongba de Debrimou.

Plus de 2.500 personnes ont effectuées le déplacement dans son village Debrimou qui accueillait ses 25 ans. Les sommités telles que l’évêque Monseigneur Paul Dacoury-Tabley du diocèse de Bassam, Monseigneur Joseph AKE YAPO, Archévêque Métropolitain de Gagnoa, du nouvellement nommé évêque du diocèse de Bondoukou, monseigneur Yeddoh Bruno, lui même fils du Lebutu, les différents chefs religieux de la communauté protestante, christianisme céleste, hariste… du Député Maire Yede Jean-Claude, Lohoues Essoh Vincent, de madame la ministre Oble Jacqueline, le représentant du ministre Ahoussou Jeannot, le chef du village de Debrimou, le président de la Ligue Ivoirienne de Football Sory Diabaté, le maestro du micro George Taï Benson… bref! Du monde il y en avait et sur 2 jours nous avons assisté à un festival d’hommages et de louanges de qualité à l’endroit de la Mère Adou Pascaline. Partant d’une organisation quasi maîtrisée, notre célébrée domptait la paroisse Sainte Thérèse de l’enfant Jésus de la Sainte Face de Débrimou. Ses enseignements, l’histoire de son initiation à la vie religieuse qu’elle contait, en Adioukrou comme en Français, était tellement maîtrisée que les célébrants de la messe ordinaire se plaisaient à l’écouter entre rire, méditation et partage d’émotions. Jamais nous n’avons vu une messe durer plus de 2 heures où les fidèles souhaitaient une prolongation, mais ce fût le cas le samedi 14 septembre le jour de la célébration et le dimanche suivant pour la messe ordinaire. Toute l’assemblée étant rassasié par l’enseignement de Dieu, la multiplication du pain de la Mère Pascaline Adou était à son Paroxysme.  » Sídj’Ob ligbèeeeeeel  » ! Expression Adioukrou pour dire que nous avons mangé à satiété! Gourmandise, emportés discrètement ou légalement, l’organisation avait tout prévu pour ne pas qu’il y ait rupture. Chapeau bas à la famille nourricière de la Mère Pascaline, ses amis, ses guides spirituels, enseignants et toutes ces personnes mobilisées pour la réussite totale de cette cérémonie.

La célébrée Mère Pascaline a aussi souhaité que toute cette mobilisation se déporte à Bondoukou pour honorer son frère* et Père Yeddoh Essoh Bruno nouvellement nommé Archevêque du Diocèse de Bondoukou. Nos écrits et images ne pourront pas à elles seules exprimer la beauté de cette fête, mais allez à Debrimou regarder le sourire qui a été laissé sur les lèvres des habitants. Merci à la Mère Pascaline pour l’honneur rendu à la communauté Catholique de l’Afrique, la Côte d’ivoire, du Lebutu et de son pays Quibrm. Great!

Regarder un bout de la vidéo ici

Promotion Culturelle (Nous invitons la Mairie à la)

Nous sommes en pleines campagne pour les élections municipales et régionales des grands ponts, et nous constatons en parcourant les différents projets présentés, la présence de la Promotion Culturelle

La ville du Lebutu (Dabou) ne jalouse aucune autre par l’accueil de ses visiteurs, car chaque année, elle attire naturellement des touristes et des invités, qui par l’expérience d’un ami ou parents, lui a promu à l’oreille les biens faits de cette région et de ces habitants.

Quel est le rang du Lebutu (Dabou) au classement des destinations touristiques en Côte d’Ivoire? Ignoré, parce que négligé par nos autorités.

Pourtant, parmi ce qui distingue la capitale de l’attiéké et des meilleurs mets, il demeure une constante inaliénable : l’esprit et l’accueil chaleureux des Lebutu eyin qui est bien vu et apprécié dans toute la Côte d’Ivoire. La culture du Lebutu étant le résultat d’un précieux et savant mélange de culture, de patrimoine, de création, de gastronomie, de mode, d’artisanat d’art vaut mieux qu’un regard, mais un accompagnement important de ses autorités.

Des acteurs culturels de la régions essayent de lever la main, en témoigne la diversité des programmations des festivals et autres activités associatives. Sans soutien, ces entreprises mourront comme si elles n’avaient jamais débutées.

Pour nous, il ne s’agit plus d’étaler sa volonté d’œuvrer dans la culture mais d’accompagner réellement les meilleures initiatives.

Adioukrou, Mode de vie

La réalité est que la plupart des programmes évoqués peuvent être pleinement intégré dans le volet Culturel tèl que : l’aménagement des sites, le Devellopement (de la région), l’Economie, la protection de l’environnement, l’enrayement du chômage et donc la reduction de la pauvreté etc…

L’organisation des Foires, des Salons, des Séminaires de Formation pour élève et professionnel… autant de choses qu’il faudra pouvoir intégrer dans la vie du Lebutu.

On est pas que maire pour encaisser les taxes des marchés et remblayer les routes ; il faut au dela attirer des partenaires et des investisseurs, mener une campagne pour bénéficier d’un partenariat inaccoutumé entre l’État, à travers le ministère de la Culture et de la Communication, le ministère des Affaires étrangères et le ministère du Tourisme. Ces liens crées permettront de financer des formations des jeunes dans les filières santé, sécurité, informatique, environnement, gastronomie, artisanat, presse…

La réhabilitation, une autre façon de concevoir l’émergence (lien)

Il est maintenant important d’avoir une autre vision de la culture, et de décliner un Agenda annuel en rapport avec celui du ministère de la culture et du tourisme, qui présentera la quasi-totalité des programmations des établissements culturels du Lebutu. L’ensemble des établissements culturels sera sollicité pour venir s’enregistrer pour que la programmation présentée soit maitrisé et la plus exhaustive possible.

Cet agenda culturel sera édité et mis gratuitement à la disposition des opérateurs de tourisme de la Côte d’Ivoire, du monde entier, des établissements culturels, des média et de tout autre site désireux de favoriser la promotion du tourisme culturel à Lebutu.

Une bonne campagne de Communication accompagné par les élus de la région, les associations inscrite dans le régistre de la mairie, par les autorités traditionnelles garantira à coup sûr, après une bonne étude du projet la réussite et la promotion de notre patrimoine.

Tout le monde aime les Adioukrous, nombreuses sont les autorités du pays qui ne manquent pas de citer l’influence positive que cette ville a eu dans leur cursus, nombreux sont les étrangers qui une fois en passant sont revenus avec d’autres, et tout cela sans un travail promotionnel.

Une bonne analyse et un bon investissement dans la culture permettra à la fin de votre mandat, de dresser un bon bilan à la population qui vous en demandera.

Une politique culturelle bien menée invite la paix, la réconciliation, le pardon, la fraternité et l’Amour en son sein.

Il est temps de voir GRAND.

Rédigé par Akpa Bradley alias Oc-Owr

Lowsin (séduction ou savoir faire)

Le Lowsin est une cérémonie de réjouissance célébrée en pays Adioukrou, principalement à Kibrm (Débrimou).

Il est la cérémonie qui permet à la génération dont toutes les catégories ont participé au Low, de montrer au village leur savoir faire avant d’aborder la cérémonie du Labeb.

Cette cérémonie se découle en 3 grandes parties :

  • l’offrande aux patriarches de la commune à laquelle on appartient,
  • L’offrande aux autres membres de la même génération des autres communes,
  • La fête avec toute l’animation et les démonstrations qui vont avec.

Il n’y a pas d’ordre chronologique et de date fixe pour célébrer le lowsin. Seulement, il faut que la génération soit prête financièrement car l’organisation de cette cérémonie avoisine la quinzaine de million. La génération doit soumettre la date qu’elle a choisi aux ainées Labeb èssl, qui la feront validé à Edjèm (l’arbre à palabre). Tout doit se faire avant la fête de Ebeb (célébration des patriarches). Généralement le Lowsin se fait dans les deux années qui précède la fête de l’Ebeb.

Retenons que la génération active est obligatoirement guidée par les Labeb èssl sortant, qui s’impliquent dans le choix des tenues vestimentaires par exemple et bien aussi l’organisation.

Cette année (2017-2018) à Débrimou, c’est la génération Abraman qui paradera dans le village pour faire montre de sa qualité et son aptitude à pouvoir gérer dans l’avenir proche le pays*.

Lowsin Adissagne Agbassaka (lien vidéo)

Quelques Abramans de la commune d’Adissagne (les Digbô) – Septembre 2018

Lowsin Liss de Adissagne en tenue de cérémonie

Les femmes Abramans de Gninyikew (Atchoua Kakraba) faisant l’ambiance pendant le Loiwsin de Adissagne


Djadjem (Sawa) est présentement entrain de parader.

Quand on sait que les Sawa eygn’n ont la particularité de relever les défis, on s’attend de voir la magie de ceux qui remettent tout entre les mains de Dieu nous éblouir comme le dit leur hymne :

 » Sawa demeurer dans la prière et faite tout en invoquant Dieu. Il n’y a que lui qui précède nos pas. Que tous les enfants viennent festoyer »

Lowsin èss dans les rues de Djadjem

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La génération M’Bédié qui succédera celle de l’Abramans accompagnant leurs aînées dans les festivités.

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Le président de la génération Abraman de Djadjem.

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Les femmes de la génération Abraman vêtues de l’uniforme de la fête.

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En avant, le couple élu qui représente les Lowsiness de la génération Abraman de Djadjem, et en second plan, celui de la génération précédente; les N’Djurmans.

Nous restons donc ouvert pour toutes contributions, de corrections, d’images et suggestions. L’article pourra évoluer selon les entrées d’informations.

Rédigée par A. Mèliane H.

Adioukrou, Mode de vie

Le mode de vie à Lebutu (Dabou)

Envie de découvertes de nouvelles cultures, rites et traditions, le pays Lebutu est le lieu idéal pour se ressourcer et se mettre au parfum de ce qui existait, existe et la projection que l’on peut se faire … l’air est frais pour tous, l’herbe est fraîche pour la bourse…

Culture, rites, traditions, valeurs, arts, gastronomie… Sont les éléments qui composent le mode de vie du lôjûkrû. Dans cet article, vous trouverez un peu de tout pour vous fondre dans ce peuple.

Venir-à-Dabou,-Lebutu-Socraf

Un voyage en Lebutu peut être une expérience inaccoutumée si vous recherchez un nouveau mode de vie. En effet, la capitale des 3 A est probablement le pays ayant le plus beau brassage culturel et traditionnel parmi les lagunaires de la Côte d’Ivoire grâce à sa diversité culturel, le mixage des traditions et la sociabilité qui le caractérise. De ses quatre points cardinaux, vous trouverez des peuples différents vivant, dans le respect, dans l’harmonie et parlant une multitude de langues. Au delà de l’attrait culturel, le Lebutu fait parti des puissances économiques de la Côte d’Ivoire, bien aussi riche en histoire et en cultures qu’en traditions, arts et valeurs. Des raisons de s’y et d’investir!

Culture

Visiter la Côte d’Ivoire sans passer par le Lebutu est un parcours inachevé de votre circuit touristique. Laisser nous tracer pour vous un circuit qui fini au paradis.

Le Lebutu est une destination touristique par excellence quand on se rend en Côte d’Ivoire. A Lebutu « le bois sec produit de l’eau », l’on ne meurt pas de soif. En effet, les touristes et expatriés du monde entier sont nombreux à explorer son immense richesse culturelle, confirmée par des architectures coloniales, forts, campements de même que ses lieux de cultes, dans une ambiance tradi-moderne nzassa. L’un des meilleurs brassages culturels au monde, il a été dirigée pendant des années par des colons français et commerçants Portugais. Leur mode de vie actuelle, bien que moderne en externe est organisée sur une base traditionnelle très solide, marquée toujours par des empreintes de l’histoire à travers des architectures, croyances, rituels, festivités, entre autres.

Coutumes et croyances

Site Touristique

Depuis des années, le christianisme, importé dans sa nouvelle forme au sein de cette communauté est la religions pratiquée et qui anime l’habitude des Adioukrou sans vraiment effacer l’invocations des esprits comme ils l’ont toujours fait avant l’arrivé des colons. Vous trouverez entre autres les Catholiques, les protestants, les Harristes, les Célestes… les musulmans venus s’ajouter. Certainement, les coutumes et croyances diffèrent d’une région à l’autre. Si les vieillards sont mis en marge de la gestion de la société dans certains pays, au Lebutu plus tu prends de l’âge, plus ta valeur croit. C’est chez ce peuple que l’on se vantera et se plaira d’être âgé là où certaines civilisations croupissent sous le poids de cosmétique pour paraître jeune.

Bon à savoir :

Chez les Adioukrou, la main gauche étant considérée impure, lors d’un échange il faudra éviter de l’agiter mais de bien la tenir le long du corps et mouvoir la main droite si besoin.

Langues (èb’r)

Screenshot_20180508-231225_Adioukrou - Bible

Le Lebutu a une langue officielle : le lôjûkrû. Quelques différences de mots pour nommer une chose peuvent juste être constaté. Néanmoins à 95%, tous les Adioukrou se comprennent. Cela ne veut pas dire que la langue est ouverte car dans le fond les initiés ont un autre langage un peu plus soutenu et codé n’empêche que cela reste Adioukrou 😉

Festivités

Ambiance

En tant que pays riche en culture et en traditions, Le Lebutu est aussi le plateau d’un nombre important de festivités. En effet, le calendrier Adioukrou pourra être marqué de célébrations tout le long de l’année, quelle que soit la région.  Mais leur mode de vie rigoureuse en interne, leur envie de toujours parfaire les choses les a poussé à classifier les festivités et les célébrer de manière grandiose.

Vous pourrez tomber sur la fête de la puberté (Dediakp) pour la jeune fille, le Low chez l’homme, le Lowsin, le Lab eb, l’ebeb, l’Ayob, l’Angbandji… toutes ces fêtes suivent une chronologie mais n’ont aucune ressemblance. Chez l’Adioukrou, de la naissance à la mort il n’y a que des célébrations pour marquer chaque étape de l’évolution du citoyen.
Les festivals célébrés en grande pompe par toutes les communautés sont, notamment l’Ayob (la fête de la moisson), le Low (…), Lab Eb (la prise de pouvoir) l’Eb Eb (…)

Valeurs traditionnelles

Malgré l’influence et l’obligation de s’aligner sur le mode de vie occidental, En dépit de l’ère de la modernité, le peuple Lôjûkrû a su préserver et transmettre ses valeurs et traditions ancestrales d’une génération à l’autre. Ainsi, les parents et grands-parents sont respectés par tous, la Catégorisation par tranche d’âge, le groupement par génération, ne laisse pas franchir des étapes au hasard. Dès que vous intégrez une classe d’âge jusqu’à célébrer les premiers rites d’initiation à la vie courante de la société, vous y restez à vie. Le modèle constitutionnel s’impose à tous Adioukrou dans son habitat originel et des fois traverse les frontières pour suivre le natif de la région. Le père ou grand-père, chef de famille, est habilité à prendre toutes les décisions relatives à la famille.

De plus, la famille demeure la base de la société. Vous rencontrerez certainement des familles avec plus de deux générations vivant sous le même toit. Ainsi, ce sont l’unité et la fraternité qui règnent au sein des familles Adioukrou.

Le style vestimentaire

En ville ou partout dans le monde vous ne reconnaitrez pas un Adioukrou par ses habits, car la mode occidentale a fait son effet sur le citoyen qui, hommes comme femmes ne se privent pas de porter des pantalons et des chemises, comme en Europe, aux Etats-Unis et varient selon leurs goût. Cependant, le style vestimentaire traditionnel dans le cœur de l’Adioukrou demeure fortement ancré surtout quand il retourne dans sa société.

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Si le port d’âbrakou et l’obèm gbâde sont réservés pour des cérémonies distinguées, les hommes peuvent nouer le pagne autour de la hanche  ou la poitrine comme le font les femmes africaines, ou porter une 3 pièces, composé de culotte, chemise et d’un grand pagne dont ils s’envelopperont le corps et laisseront un bout pendre sur l’épaule gauche.

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Chez les Adioukrou à chaque fête, à chaque célébration, les catégories ou générations se concertent pour sortir un uniforme en pagne, des fois jusqu’à 3 uniformes pour la même cérémonie. Le Low, l’Angbandji et l’Ebeb sont les Cérémonies où il faudrait se rendre pour découvrir toute la richesse vestimentaire de ce Peuple qui n’hésite pas à mettre jusqu’à 3.000 Euros dans un pagne tissé pour une seule journée, sans omettre les bijoux en or d’une valeur inestimable gardés de génération en génération.

Gastronomie

La variété culinaire chez les Adioukrou est surprenante. La Cuisine tourne en grande partie sur le Poisson et la l’attiéké; oui nous sommes dans la région des lagunes. Si le bois sec produit de l’eau chez ce peuple, en bonus je dirai que de la poussière il recueil à manger.

Laisser moi vous dresser une liste non exhaustive des mets ancestraux de cette région sans manquer de préciser les nouvelles recettes :

• Mamissou
• Préprékou
• Sou Miridi
• Arè Miridi
• Kpôte
• Popori
• Ngbenoukou
• Miridi ouffou
• Ouguou’m Miridi
• Mah côcô
• Offoh Miridi
• Bito
• Ambia Miridi
• Kopei
• In’m ôploum
• Mampapah
• …

Vous trouverez un sacré mélange culturel du pays dans les différents mets épicés et salés, ou les deux à la fois. Les Adioukrou mangent à 100% bio, d’où leur bonne santé et leur vigueur. Les végétariens auront une place de choix pour la grande variété composés de légumes, grains secs et féculents. L’attiéké blanc, l’attiéké badigeonné d’huile de palme rouge, le foufou de banane, d’igname accompagnent presque tous les plats Adioukrou. Les non-végétariens peuvent se lécher les babines car vivre avec d’aussi bons chasseurs que les Adioukrou, c’est ne pas manquer de chaire de viandes brousse dans sa soupe. Ils pourront goûter à divers types de cuisine inspirés des différents villages.
Après le repas, vous aurez également droit au vin blanc de palme et la liqueur fabriqués qui ne feront que ravir vos papilles un véritable délice !

Art

C’est un peuple qui sort peu. Il faudra aller les découvrir pour aussi savoir leur apport dans la gaieté qui caractérise les Ivoirien. Mis à part leurs fêtes qui les rassemblent tous, Le Lebutu se démarque aussi sur le plan artistique grâce à la musique et la danse. D’ailleurs, de nombreux chanteurs, musiciens, danseurs et chorégraphes, sont reconnus à l’échelle nationale. Basée sur le rythme du kpakpatcha, l’ètèkprè, l’èrem èdj, le dassoukou, la musique Adioukrou se transmet de génération en génération. Ces danses sont pratiquées sur l’ensemble du Lebutu. Le mapouka bien qu’ayant connu la promotion des Ahizi est bien aussi dansé.

Que gagnez vous à venir découvrir le Lebutu ?

Vous vous découvrirez, vous découvrirez la limite de vos connaissances, vous découvrirez une mode de vie ancienne que le vent du modernisme à effacer ailleurs…

Vous voulez découvrir cet Afrique sauvage dont l’on parle dans les documentaires ? Non !

Vous découvrirez un peuple avec une civilisation, une organisation incomparable, liée à une élégance légendaire, un esprit riche dans un corps fort d’apparence brutale. Un peuple sociable qui mise tout sur le bien être de l’étranger.

Vous avez visité la Côte d’Ivoire sans terminer par le Lebutu … Alors revenez terminer votre circuit pour oser parler de cette Côte d’Ivoire chérie, convoitée… louangée sans vous tromper !

Alors nous allons apprendre ensemble quelques mots en langue Adioukrou, et ce sera la communauté des réseaux sociaux qui enrichira notre vocabulaire pour une mise à jour progressive de notre base de donnée afin d’aider les apprenants.

Débutons par le corps humain :
Comment appelle t’on ces parties du corps dans notre langue ? Qui osera faire un sans faute avec la bonne écriture ? On verra qui a ses pieds à la source🤗

(Cet article est progressivement mis à jour)

Les parties du corps humain

Rédigé par Koffi Akmel Dylan

LE LÈGBL’ÈDJ

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A LA DÉCOUVERTE DU PATRIMOINE PERDU: LE LÈGBL’ÈDJ:

Pratiquée les soirs de traite de l’huile de palme, après les périodes de dures labeurs du Kpéb’uyu et de la récolte de la graine palmiste (lègb’l), principale source de revenues des Adjoukrou durant la période coloniale et post coloniale; le Lègbl’èdj se caractérise par une rythmique de fond assurée par des petits tam-tam dits ‘fils » (brém’éy ou brém ékékéy- ils ont tous précis cependant), du djén’dj »ba, des kpakpatcha; et d’un tam-tam majeur qui est l’Atigbani ou à defaut l’Atrokoko, qui guide les pas. Ils peut se danser par pair (homme-femme) ou par des femmes maîtrisant le rythme et le érèm iyr ou ôwl (mèwl lissèl).
Les participant demarrent à une certaine distance des tam-tam et avancent vers eux en suivant les directives de l’Atigbani ou de l’Atrokoko. Le retombé des mouchoirs doit correspondre à la fin du rythme du tam-tam majeur. Rien n’est donc fait au hasard. Donc si vous êtes lusuèssèl ou lissèl comme moi ici, on peut toujours commencer par apprendre en participant aux kpakpatcha et aux chants, qui dans l’ensemble expriment des messages forts et racontent des histoires.

PS: sous réserve de correction, rectification ou enrichissement par les sachants! IMPORTANT! Je voudrais profiter des nombreux partages et des commentaires favorables, pour inviter tous les fils du Lèbutu qui aiment et adhèrent aux initiatives de ses fils et filles et bien aussi de toutes les personnes qui aiment voyager, découvrir et partager.

Merci à tous ces frères et soeurs qui contribuent par leurs articles à l’enrichissement de ce site.

Lebutu Socraf

 

Festival Culturel, Économique et Touristique: Lebutu Socraf

« ANNONCEURS CET ÉVÈNEMENT EST LE VÔTRE, LE PREMIER DU GENRE À NE MANQUER SOUS AUCUN PRÉTEXTE. ASSOCIEZ VOTRE IMAGE DE MARQUE À UN ÉVÈNEMENT DISTINGUÉ QUI NE FERA QUE REHAUSSER VOTRE ESPÉRANCE. »

 

les Adjoukrou et la démocratie : leçon d’une vie

Taille Image à la Une Low 07092012 Debrimou

Situé dans les environs du District d’Abidjan, le peuple Adjoukrou (ou Adjukru, Adioukrou, Adyukru, Boubouri, Odjukru), représente environ 1 % de la population ivoirienne. Il est localisé dans le sud de la Côte d’Ivoire, précisément dans la région de Dabou.

Un peuple avec des origines Krou et Akan
Selon des historiens, les Adjoukrou sont venus de la région de Gagnoa-Divo. Ils sont localisés essentiellement dans la région de Dabou, située à une quarantaine de kilomètres à l’ouest d’Abidjan. Ils font partie du peuple Akan, et viendraient selon certaines thèses, de la Vallée du Sassandra. Sous la poussée des bété (situé au Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire), ils migrent vers les lagunes, puis se mélangeront avec les peuples Akan venus du Ghana. Les civilisations furent peu à peu dominées par des traits culturels Akan. C’est ainsi que les Adjoukrou passeront de la succession patrilinéaire à la succession matrilinéaire. A leur arrivée, la région était occupée par des populations d’agriculteurs et de pêcheurs : Les Akans lagunaires (Ebrié et Attié) ainsi que les groupes Adjoukrou les plus anciens (Obonou et Armébé). D’autres versions ancestrales traditionnelles situent l’origine des Adjoukrou vers le Bénin, tandis que similitudes ont été constatés, avec des peuples d’Afrique Centrale.

Taille Image à la Une Low 07092012 Debrimou2Un pouvoir trans-générationnel
Le peuple Adjoukrou se caractérise par des pratiques culturelles traditionnelles auxquelles il reste fortement attaché. Au nombre de ces traditions figure la fête de ‘’Low’’, célébrée sur une durée de 3 à 5 semaines selon les villages. Elle concerne les jeunes hommes âgés de 18 à 25 ans. La fête de ‘’Low’’ est obligatoire pour tout jeune Adjoukrou, car elle permet d’accéder aux différentes classes d’âge et à une catégorie bien déterminée. Le ‘’Low’’ confère une identité sociale à l’individu et atteste de la maturité du jeune homme qui passe de l’enfance à l’âge adulte. C’est le fondement de la vie sociale, politique, économique et guerrière dans le respect des normes et des valeurs. Elle se déroule tous les 2 ans, par catégorie, dans la période d’août à septembre. Chaque naissance est scrupuleusement consignée dans un registre tenu par un notable. Chaque citoyen Adjoukrou appartient pendant toute la durée de sa vie, à une classe d’âge bien définie. Le système des classes d’âges est l’organisation sociale fondamentale. Les étapes de cette cérémonie initiatique sont composées de processions, rites initiatiques, leçons sur les fondements de la vie et des épreuves mystiques et guerrières. Ceux-ci acquièrent à l’issue de la cérémonie, le statut d’adulte, l’aptitude à assumer des responsabilités sociales et le droit de participer à une guerre éventuelle à laquelle ferait partie le village. L’expression ‘’Eb-Eb’’désigne deux grands et importants aspects. En tant que cérémonie, elle donne ou confie aux uns, le pays (‘’Eb’’) à gouverner et ceux-ci le reçoivent ou le prennent. La fête de ‘’Eb-Eb’’ caractérise aussi la législature durant laquelle une génération gouverne. «C’est à la fois l’investiture politique et le règne. Les ayants-droit qui ont reçu et pris le pays en main s’appellent ‘’EB-ES EL’’. Ils sont les pères de la société. ‘’EB ES EL’’ symbolise ou représente le père primordial : le Fondateur. Les ‘’EBEBU’’ assurent une fonction sociale. Ils sont ceux qui possèdent le ‘’ESSEW’’ (pouvoir). En un mot, ils sont les ‘’ESSEW-EL’’, c’est-à-dire les maîtres du pouvoir (‘’ESSEW ES EL’’)», a confié Agnéro Akpa Ambroise, ‘’EBEBU’’.

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Fête de Génération (LOW 1998) à Débrimou – Le Milowl (chef de génération s’apprêtant à passer l’épreuve militaire)

Les Adjoukrou sont profondément encrés dans la tradition, donc, le sacre (FEFR-ITM). Le doyen d’âge, le ‘’MILOWL’’ prend une pincée de kaolin (FEFR) et de l’index droit, ponctue (ITM) le front du récipiendaire (‘’MILOWL’’ de la génération candidate) juste entre les deux arcades sourcilières siège de la conscience morale. D’une seconde pincée de kaolin, il peint le poignet droit du candidat dans le sens de l’avant-bras vers la main. Enfin, il soulève des deux mains, les bras du consacré qui se lève de tout son long avant de se rasseoir sur le siège. Une fois consacré, le ‘’MILOWL’’ reçoit les attributs du pouvoir. La canne (Kpama) qui symbolise l’autorité suprême. Elle permet à l’’’EB EBU’’ de se tenir débout pour orienter, guider son peuple dans la sagesse et dans la stabilité. Le chapeau (Toufê), quant à lui, signifie la protection de la communauté et de leurs biens : symbole de la sagesse spirituelle et morale. Le chasse-mouche (Saye) a surtout pour rôle de conjurer les mauvais sorts et les esprits maléfiques. Le port du pagne et son maintient sur l’épaule droite, explique Agnéro Akpa ancien directeur de la Bibliothèque nationale, traduit l’autorité suprême du ‘’EBEBU’’.

Une société à classes d’âge
Les adjoukrou sont organisés en 7 classes d’âge (Sêtê, N’djrouman, Abrouman, M’bédié, M’borman, Nigbéssi, Bodjl), composées chacune de 4 catégories à savoir (Odjogba (les aînés), Bago (les puinés), Kata (les cadets), Boman (les Benjamins). Les Nigbessi (initiés entre 1966 et 1972), les détenteurs du pouvoir, les ‘’EBEBU’’ assument la direction suprême des fonctions politiques et religieuses. Ils invoquent les dieux et les ancêtres dans les cérémonies ordinaires qui doivent garantir la prospérité, la fécondité, la paix et l’indépendance dans le quartier, le village, le pays. «Aucune assemblée politique ne peut être convoquée sans leur autorisation. Tout discours doit être suspendu à leur arrivée et repris une fois qu’ils sont assis», a commenté, Agnéro Akpa Ambroise. En dessous des ‘’EBEBU’’, se trouvent les ‘‘Adjrofi’’. Ce sont les épouses des ‘’EBEBU’’. A Lopou, village situé à quelques encablures de Dabou, ce sont les ‘‘Bodjl’’ (1974-1980). Ils ont le pouvoir exécutif. Ils produisent les ‘‘Odadi’’ (les orateurs). Ils sont maîtres de la parole. Ce sont les avocats de la société. Ils président l’arbitrage des conflits. Ils jouent le rôle d’ambassadeur (les missions). Ils sont responsables de la gestion économique et financière du village. Les ‘‘SETE’’ (1982-1988) pour leur part, sont responsables de l’initiation des jeunes gens (Low) : éducation civique et citoyenne. Ces derniers assurent le trésor public. Les Ndjrouman (1990-1996), eux, ont pour rôle de demander et donner les nouvelles dans toutes les assemblées de quartier, de villages et de concessions. Par ailleurs, les Abroman (1998-2004) ou ‘’Mab-Essel’’ (les hommes aux machettes) sont les auxiliaires directs des ‘’EBEBU’’ (les gouvernants). Ils sont les exécutants des lois, des décisions et des résolutions prises par les gouvernants, dans le sens de l’orientation du développement du pays. Lors des assemblées, ils servent et partagent la boisson. Ils assurent la sécurité intérieure et s’occupent des travaux publics. Les ‘‘Abroman’’ constituent l’armée des gouvernants. Enfin, les ‘’M’bédié’’ (2006-2012) sont les soldats d’avant-garde. Ils sont les messagers et manœuvres subalternes. En règle générale, les Adjoukrou sont des agriculteurs. Ils produisent et vendent de l’huile de palme. Les initiations en pays Adjoukrou ont un caractère esthétique et festif au-delà de leur caractère culturel, coutumier et initiatique.

Taille Image à la Une Les Adioukrou et la démocratieLa fête de ‘’EBEB’’, un modèle de démocratie dans les sociétés africaines
La fête de ‘’EBEB’’ consacre le passage du pouvoir – exécutif, parlementaire et économique aux ‘‘Nigbessi’’. Au village de Lopou, où nous prenions part à cette fête le samedi 22 décembre 2012, un bel exemple de démocratie a été donné aux populations. La classe d’âge qui accède au pouvoir est surveillée par une génération. C’est ainsi que les ‘‘M’Borman’’ (classe d’âge anciennement au pouvoir) qui cèdent le pouvoir aux ‘’Nigbessi’’ devraient remettre le gage de sécurité du village (Lopou) matérialisé par une machette à leur génération cadette (Abroman) ne l’ont pas fait. «Les M’Borman qui devaient remettre la machette qui matérialise la sécurité du village ont refusé de le faire parce qu’ils estiment que leurs cadets – les Abroman leur ont manqué de respect. Pour cela, les M’Borman les ont amendés. Ils ont sommé de leur payer une somme de cent mille francs CFA», a clarifié le président du Comité d’organisation, Akpa François. Une telle décision qui n’était pas du goût des Abroman (la génération amendée) qui ont aussitôt pris d’assaut la place de la cérémonie. Assis à même le sol, les membres de la génération Abroman – vêtus de tee-shirts estampillés ‘’Abroman, changement absolu’’ – entendaient ainsi protester contre leurs aînés (les M’Borman). Ce quiproquo a amené les organisateurs à mettre fin de façon prématurée à la cérémonie. Approché, le meneur de la fronde s’est défendu. «Les M’Borman refusent de nous donner la machette. Ils nous imposent de payer une amende de cent mille francs CFA. Dans la loi fondamentale Adjoukrou, cela n’existe pas. Il n’y a qu’une somme significative d’argent à payer comme amende et deux bouteilles de liqueur à offrir. Nous ne sommes pas là pour un coup d’Etat, mais plutôt pour une démocratie villageoise. Nous allons rester ici. Si nos parents ne décident pas de cohabiter avec nous, nous allons rester sur les lieux de la cérémonie pour obtenir notre pouvoir. La tradition nous oblige à prendre la machette», a déclaré Essi Michaël, membre de la génération Abroman Odjongba (aîné de la classe des Abroman). Prenant à témoin ‘’AF’R’’ et ‘’OUSS’’ (Ciel et Terre), le MILOWEL (doyen d’âge des gouvernants sortants aussi celui que les esprits ou sachant pourraientt désigner) passe le pouvoir comme sa génération l’a reçu. Il confie le pays (village) aux cadets. demande pour eux la longévité, la sagesse : «Qu’ils soient maître du pouvoir et qu’ils l’assument, mais non que le pouvoir soit leur maître et les assume», lance le MILOWEL sortant de la classe d’âge gouvernante sortante. Cet acte du jeu démocratique a même été révélé par le parrain de la cérémonie ‘’EBEB’’ de Lopou, l’ex-Premier ministre, Jeannot Ahoussou-Kouadio, qui s’est réjoui de l’existence des principes démocratiques en pays Adjoukrou. «Nous pouvons nous réjouir qu’il y ait dans nos traditions, des principes démocratiques qui montrent que Africains que nous sommes, nous avons des systèmes de gouvernance qui sont des modèles de démocratie universelle», a commenté l’ex-Premier ministre. L’ancien ministre et chef de village de Lopou, Réné Diby, à témoigné que le pouvoir en pays Adjoukrou se cède en toute tranquillité à une classe d’âge au pouvoir. «Il n’y a pas de coup d’Etat. L’Afrique peut donner des leçons de démocratie. C’est dans la joie que nous cédons le pouvoir. Il existe des règles. Ce sont les vieux qui exercent le pouvoir. Il n’y a pas de regrets. Il n’y a aucun grincement de dents», s’est félicité Réné Diby. Il s’est demandé pourquoi les politiques ivoiriens ne s’inspirent pas de modèle de démocratie, qui n’a rien à envier aux modèles occidentaux. «Si on peut chercher des modèles de démocratie issus de la tradition africaine, je ne sais pas pourquoi les gens rejettent systématiquement ce qui est de chez nous. Les fêtes d’initiation telles que le ‘’Poro’’, le ‘’Tchologo’’ et le ‘’Low’’, sont très importantes. En amont, on apprend à intérioriser les valeurs fondamentales qui permettent une vie sociale harmonieuse dans la société. L’Afrique n’est pas en reste en matière de démocratie, bien au contraire ! », a-t-il fait savoir. L’accession d’une génération au pouvoir en relation avec la retraite de l’ancienne promotion gouvernante et la montée d’une jeune promotion entraîne des changements de fonction de l’appareil politique et l’acquisition de nouveaux statuts.
Alors, au-dessus des ‘’EBEBU’’ consacrés, la classe d’âge qui a remis le pouvoir passe au rang de ‘’MAKP IKN’’ (arbre de palissade). Ajoutés à cette classe d’âge, les ‘’LELESSEL’’ (vieillards qui sont les maîtres de la pensée et de la connaissance), ‘’NINNISSI’’ (vieillards de plus de 90 ans) et ‘’MILAKN’’ (vieillards de plus de 100 ans) jouissent d’une autorité politique, religieuse et morale.

L’accueil de l’’EBEBU au sein de sa famille
Après l’intronisation du MILOWL (doyen d’âge de la classe au pouvoir) sur la place publique, chaque ‘’EBEBU’’ est accompagné dans une liesse populaire à son domicile. Où les membres de la famille y ont cuisiné de véritables festins. Différents mets locaux sont proposés au menu. Parmi les principaux repas, l’huile de palme en est le maître, car considérée comme un anti-poisson et l’igname qui symbolise le lien avec la terre et les ancêtres. Pour l’occasion, toutes les familles qui célèbrent le ‘’EBEBU’’ sont en effervescence. En compagnie des convives, des cliquetis marquent l’ambiance bon enfant sous les bâches disposées à cet effet.


Merci à Patrick Krou et Touré Youssouf (J’ai juste apporté quelques petites modifications orthographiques et des ajouts sans vraiment écorcher l’article d’origine) AKPESS Pierre-Remy A.